Récits

Buts en montagne (2003/2005)

Intro ou « l’art de buter »

Se prendre un but, c’est faire demi-tour pour une raison ou pour une autre. Certains le font tellement bien qu’ils ont même érigé une cotation spécifique au buts!

Ici seulement quelques récits et en mise en bouche une photo de rappel « butatoire »!

Loose totale

Un beau jour crasseux de printemps, on décide une fois de plus (l’erreur est humaine, persévérer est diabolique) de faire confiance à Météo France qui annonce le soleil dès la fin de matinée. On arrive donc au pied de la falaise du Sapey à 11h00, et là, c’est le but !

De droite et de gauche, des plaques de neige recouvrent le sentier. Le souffle frais du vent vient nous chatouiller le visage; on entend les pas hésitants de son compagnon mais on ne peut le voir; il est enveloppé dans une brume mystérieuse. On entend même parfois comme un murmure de robinet, le rocher doit dégouliner… Mais non, je te dis que ça doit être sec, c'est sur un pilier!!!

Et les p.. de nuages sont toujours là. On sauve quand même la journée en allant grimper au Biclop, très beau site. Bien évidemment, nous ne verrons pas une larme de soleil de toute la journée...

Loose totale 2

Cette fois ci, on le sait: ils annoncent un peu de pluie; donc on part pour de l’artif à l'abri du toit de Beverau.

Après 45min de marche, on atteint la paroi, et là, stupeur! il ne pleut pas, le rocher est sec dans les voies de libre (banane, on n’a pas les chaussons), et la ligne d’artif dégouline de l’intérieur !! Arhhhgg!!!!!!!

Ceci dit, c’était peut être heureux, car la ligne est sacrément impressionnante, on reviendra, mais on va d’abord aller sérieusement s’affûter à l’artif ! Parfois la météo permet de ne pas avouer une peur trop grande...

Tentative brumeuse

Tard dans l’automne, on se dirige Thibault et moi vers le Peney, faisant confiance à la météo qui annonce une dissipation rapide des brumes. On croise des chasseurs qui nous regardent avec des yeux ronds : vous allez grimper ??! Et oui il fait froid et on voit rien, mais on est motivés!

On est parti du château de Chaffardon, et on veut rejoindre la voie « Jardins de Babylone » à gauche du Peney. Vu la visibilité, je prends l’initiative de passer par le pied de Junipirius puis de longer la paroi à gauche jusqu’à la voie. Seulement, c’est très long, il n’y aucun sentier, ça monte, ça descend, et on met pas loin d’une heure supplémentaire à atteindre la voie qui se situe vraiment à l’extrême gauche de la falaise. On l’atteint donc avec un moral de circonstance, et aussi un horaire de circonstance...

La voie est en « semi terrain d’aventure » : les relais sont équipés, il y a des spits dans les zones compactes, mais tout ce qui se protège sur coinceurs est à protéger. On va seulement faire 4 longueurs (sur 13 !), en effet, arrivés au 1er jardin, on est cuits, il commence à faire tard, et on fait demi tour d’un commun accord, presque sans parole. Mais on reviendra : c’est magnifique, très raide, les cotations ne sont pas données : L1, 6a, rien en place, L2, pas de 6c, 3 spits, puis 6a/b, rien en place, L3, 6c bien violent, quelques spits, L4, 6b+, grande envolée superbe, 6 spits.

But
But
But
Patagonia Belladonna Buta

Après 2 mois sans mettre les grosses, on se décide avec Thibaut pour un retour fracassant à la traversée Toit Pyramide dans le massif de Belledonne. On est en novembre, les conditions sont idéales, et voilà que le jeudi soir il se met à neiger ! Eh con ! Ca ne nous fait pas peur ! Ca sera un peu plus dur et c’est tout… du "PD rocher" enneigé, ça randonne, du "AD rocher" enneigé, ça passe… Sauf que là, plus blanc que blanc : c'est carrément plâtré!

Pour commencer, rien que le trajet routier passe déjà limite : 1 à 2cm de glace sur la route du Glandon, sans équipement, il y a des endroits où il valait mieux pas s’arrêter sous peine de finir à pied!

Pour bien fixer le cadre sauvage du col du Glandon en cette saison, la neige fraîche recouvre tout; on croise une biche vers le Rivier, un renard et des chamois au parking. Et pour parfaire cette atmosphère, le ciel est encombré de brumes.

Dans notre état actuel d’entraînement, les 900 mètres de marche d’approche avec la trace à faire dans 10 à 40cm de fraîche nous entament quelque peu. On rejoint l’arête par un beau petit couloir de 50m avec pas de mixte en sortie. Puis on attaque la traversée, très sympa et délicat avec un fin plaquage de neige permanent, et une ambiance digne de la Patagonie. Une zone de dalles qui doit randonner « à sec » nous donne du boulot, heureusement que l’on a prit de la quincaillerie.

C’est vraiment sympa de découvrir l’itinéraire : vu de loin, ça ne passe pas, mais une fois dans les passages, on dégage la neige et on découvre ici une prise, ici une fissure, ici une petite vire cachée. Thib en profite pour lâcher son piolet et se mouline de 10m pour aller le récupérer.

On arrive à une brèche précédant un ressaut important. C’est moi qui m’y colle. Je passe 45min à faire une longueur de 35m : un pas de 5c au début puis du IV+/V en rocher très moyen, pour finir par un pendule de 3m (sur un coinceur qui part au tout premier essai !!!) vers une arête qui s’avère trop difficile.

Résultat : il me faut re-penduler dans l’autre sens, mais je ne peux pas attraper les 2 brins pour me penduler manuellement, et mon assureur ne peut pas me sécher, car la corde est bloquée : il y a 4m de mou : finalement, je fais la traversée en libre par adhérence de ma polaire sur le lichen et de mon pied sur une dalle enneigée!!! Taquet!! A gauche, il y a bien un dièdre, mais le fond est en glace, c’est pas protégeable et bien raide… Vous l’avez compris, c’est le but… Probablement une erreur d’itinéraire : c’est dur à coter en grosses et avec le sac, mais vu le sang froid qu’il m’a fallu, je ne pense pas que ce soit par là que sont passés les auteurs du topo qui parlaient d’une courte fissure en 4+/5. Je fais déjà 2 rappels précaires pour revenir à la brèche (car on a seulement 1 brins de 50 mètres, light is good for you whouhou!).

Évidemment il faut que le deuxième rappel se bloque sinon ça serait presque facile : re-escalade et tout et tout !) . On s’échappe par un couloir issu de la brèche, par deux petits rappels sur becquets puis par une ramasse raide : l’aventure est totale. Puis on rejoint les traces de montée par une longue traversée (à tracer évidemment). Au final, une superbe journée dans une ambiance « de pionniers ! ».

But
But
Traversée Râteau / Meije / Pavé / Gaspard « le double multiple »

Acte 1er:

Notre première tentative, avec Vincent, Benjamin, Nicolas, Fabrice, s’est soldée par un accident (luxation de l’épaule de Vincent) dans une variante en mauvais rocher de l’arête Ouest de la Meije.

Ci-après mon récit, écrit un mois plus tard, j’étais incapable de l’écrire à chaud. Voir aussi le récit de Nico, très réaliste car écrit à chaud juste après l’accident et plus complet.

Alors que nous arrivons à la Brèche de la Meije avec Benjamin, la cordée Vincent/Fab/Nico est à la rimaye. Nous avons prévus de dormir aux vires du glacier Carré, il est 17h00 et il nous reste donc 3 ou 4 Heures de jour pour atteindre le bivouac, ce qui est juste suffisant. La désescalade d’une arête en glace au pied de l’arête Nord-Est du Râteau, nous a tous un peu entamé. Étant moi-même bien motivé, après une pause avec Benjamin nous repartons sans attendre sur l’arête Ouest de la Meije. Je sais que si l’on avait attendu la cordée de Vincent, l’idée d’écourter la course et d’aller dormir au Promontoire aurait pu être évoquée, maintenant à savoir si elle aurait été adoptée ou non…

Le temps de trouver le passage pour franchir le tout premier ressaut de l’arête Ouest, nos amis nous ont rejoint. Après un départ en rocher peu rassurant mais solide, la suite est plus évidente en meilleur rocher. On rencontre comme seul matériel en place des bouts de chanvre tressé… On parvient à une brèche caractérisée par quelques mètres qui me semblent trop difficiles pour le niveau AD, mais nous sommes fatigués, en grosses, et avec le matos de bivouac sur le dos, donc peut-être… J’aurais tout de même estimé ceci à du V… Ensuite, l’arête est plus facile mais jamais en III comme indiqué sur le topo: c’est toujours soutenu et pas évident à protéger. On franchit ensuite un ressaut impressionnant par sa raideur où 2 pitons apparaissent au dernier moment et permettent de se rassurer sérieusement sur le fait d’être dans la voie, au final, ce ressaut s’avèrera assez facile.

Avec Ben, nous avons de nouveau distancé la cordée de Vincent. On parvient à un ultime ressaut tout aussi impressionnant que le précédent. Fatigue aidant, j’envisage plusieurs passages, mais aucun ne me semble réalisable. Au-dessus, l’arête devient horizontale. Sur le flanc Nord, je devine un cheminement en contrebas de l’arête qui par des vires nous permettrait d’éviter ce ressaut. Je distingue une zone de rocher désagrégé au départ, mais la qualité semble s’améliorer plus loin. Nous rallongeons l’encordement afin de pouvoir s’assurer dans les zones de bon rocher. Nous nous engageons à corde tendue, le premier passage en rocher pourri est glauque, l’éboulement a l’air frais, des rochers pendent au-dessus de nos têtes. Mais toujours cette impression que la situation sera meilleure plus loin. Seulement, encore une zone très pourrie à traverser. Ce n’est pas très raide, mais rien ne tient, les nerfs sont à vif. Je parviens à un endroit ou je choisis une traversée raide dans du bon rocher plutôt que de redescendre quelques mètres dans des éboulis. Le pas n’est pas facile et j’arrive après 3m au niveau d’une écaille branlante, peu épaisse mais avec une surface de 2m². Il me faut prendre pied dans un terrain moins raide 2m à gauche, mais je réalise que tirer sur l’écaille est surtout à ne pas faire. J’hésite longtemps, après coup, c’est sûr, j’aurais dû faire 1/2 tour; mais finalement, je me pends sur la prise précédente et je parviens à passer très au taquet sans tirer sur l’écaille mais en l’utilisant simplement comme appui à un moment. S’en suit une montée en rocher désagrégé tout aussi stressante, puis je parviens, sidéré, à un piton en place. En grimpant les passages précédents, la pensée d’un accident était présente dans mon esprit à chaque instant, et connaissant la fragilité d’une corde face à des chutes de blocs, le stress était total. J’aurais dû faire demi-tour… Surtout sachant qu’une deuxième cordée suivrait...

Quel soulagement à cet instant, je me sens déjà mieux. Le rocher devient bon à partir du piton. Je fais un bon relais et fais venir Benjamin, lui disant de conseiller à Vincent de contourner le passage de l’écaille par l’éboulis en contrebas. Je suis stressé pour Vincent mais encore plus pour Fabrice et Nico car les 2 seconds sont encordés à la suite sur un unique brin. Alors que Vincent est presque au passage de l’écaille, je grimpe une ultime longueur en bon rocher, mais bigrement raide et assez peu protégeable (environ IV+/V). Lorsque je parviens à l’arête, le moral revient, c’est comme un retour au plaisir et à la douceur : le flanc Ouest est chatouillé par les rougeoiements des derniers rayons du soleils, l’arête du promontoire et le refuge semblent s’enflammer. Des pensées positives me reviennent et je me sens bien, une chanson pleine de joie me trotte dans la tête. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer.

Soudain, j‘entends un véritable cataclysme dans la face trop vite oubliée, le bruit est tellement impressionnant que je me demande s’ils ne l’ont pas entendu du Promontoire. Aussitôt, j’imagine le pire, sachant la possibilité d’un arrachement de relais ou d’une coupure de corde dans ce type de terrain. Je n’ai pas entendu de cris, ce qui me rassure quelque peu ; pendant 2 longues minutes, j’appelle, et je n’ai pas de réponse. Seul sur mon arête je ne peut m’empêcher de penser au pire. Finalement Benjamin me répond et m’explique que Vincent a volé avec un bloc, mais qu’il n’a rien, tout va bien. Benjamin ne tarde pas à me rejoindre. Nous sommes sortis, on voit devant nous l’arête horizontale puis une vire évidente qui nous emmèneront rapidement au vires du glacier Carré pour le bivouac. Malgré ce que nous venons de traverser, mon moral est totalement revenu.

Au vu des difficultés passées, on attend nos potes, et j’ai dit à Benjamin de laisser le dernier relais en place. Ne voyant toujours pas arriver Vincent, on essaye de les appeler, au bout d’un moment, Fabrice nous répond, il y a un peu de vent sur la crête, et on ne parviens pas à se comprendre. Je lance un rappel, et après quelques mètres je suis en contact avec mes potes et je comprends immédiatement la situation : Vincent est allongé sur le dos, une couverture de survie enroulée autour de lui. Fabrice est à ses côtés, et Nico est encore au relais précédant. En fait après sa chute, Vincent gonflé d’adrénaline a continué jusqu’à faire un relais et assurer Fabrice, l’air de rien, avant de tomber KO. Fabrice m’apprend qu’il a appelé les secours et qu’ils arrivent. Il me dit avoir un relais pas terrible, aussi après 3 essais je lui fais parvenir mon brin de corde afin de renforcer leur relais. Vincent a mal en plusieurs endroits et n’est pas vaillant.

Ensuite les secours arrivent et ne voient pas le blessé en contrebas de l’arête. Un secouriste arrive à notre niveau, on lui dit immédiatement qu’ils sont 40m en dessous. A notre grand étonnement, le secouriste, ultra speed, évacue Benjamin sans même l’avoir prévenu : on pensait que l’hélico revenait chercher le secouriste, le treuil approchait et au dernier moment le secouriste balance à Benjamin « dévaches toi, dévaches toi!! » et deux secondes plus tard il est en plein ciel... Puis ils déposent un deuxième secouriste au niveau de Vincent. Ensuite, c’est mon tour. Vincent ne sera treuillé que plus tard alors que Benjamin et moi étions autonomes et aurions pu continuer seuls. On se retrouve tous à l’Aigle, puis Vincent est emmené à l’hôpital de Briançon. Fabrice veut se suicider quand il apprend que son sac va peut être rester là haut, mais le dernier secouriste le lui balance finalement de l’hélico! Mais pour notre matos, il en est tout autre (un rappel, plusieurs coinceurs, plusieurs mousquetons...). Nico me rendra symboliquement 2m de ma corde, en effet, pour le dévacher, le secouriste a tout simplement sorti son couteau, trouvant Nico trop long dans la manip de désencordement!

Le soir, nous sommes tous choqués et discutons longuement devant le refuge. Avec du recul, nous sommes partis trop nombreux, pas assez entraînés ni acclimatés, pour un objectif ambitieux. La fatigue a été la cause de l’erreur de Vincent. Nous aurions dû faire demi-tour.

Acte 2nd ou "WE renforcement musculaire" :

Récit plus léger cette fois-ci du « But Double Multiple »!!! En gros une véritable cascade de nimperies… Avec Iliana, Fabrice, David.

Quinze jours plus tard, coup de fil de David: ça te dérangerait de retourner à la traversée RMPG? Réponse: je pensais y retourner, mais pas tout de suite... Bref c'est parti, ça sent le but, j'en suis! Au sortir de télécabine - il est 9h00 -, le Râteau et la Meije sont méchamment accrochés, bien que la météo annonce grand beau... De plus, MF annonce un passage nuageux pour le lendemain après midi. David prend la décision d'annuler. On repart donc illico dans la benne vers la vallée. Et là, en discutant, on décide d'aller faire des voies dans le vallon de la Selle. C'est du grand nimp signé David : alors que notre guidos qui ne paye pas le téléphérique retourne au parking chercher du matos complémentaire, nous autres (on n'a pas de billet de descente!) restons dans la benne pour monter à nouveau: un petit tour en téléphérique de bon matin, rien de tel pour bien entamer la journée du bon pieds! Bref à 10h00 on décolle enfin, on passe le col de la Loose chargés comme des bourriques (à ce col, musique du snow park des 2 alpes à fond, vive l'Oisans sauvage!), on dépose le bivouac près du refuge puis en avant pour "Le Silence de la Mer", une voie toute équipée, aux 2/3 bouse, 1/3 jolie. Pour Fabrice, But King, c'est déjà un B4 puisqu'il passe l'après midi à bronzer au bivouac, et pas de chance pour lui, les SMS ne passent pas ;-). Nimp anecdote au passage: on laisse grosses et crampons au pied de la voie, et arrivé au troisième relais, toujours pas de maillons/sangles pour rappel... Je me fais donc mouliner jusqu’au sol depuis le deuxième relais (une idée de David!), 70m avec passage de nœud, suivie d'une remontée en nimp variante tout droit avec 2 sacs sur le dos, et le tour est joué!

Le 2ème jour, pas de buts, du moins presque pas car on prévoit l'enchaînement « Voie des Lézards » / « Voie des Plaques » mais on se contente de la première voie, sympa, puis d'une sortie au sommet par l'arête PD. La météo est pire que prévue, blizzard au sommet… On se fait chasser du bivouac par une grosse rincée, heureusement le refuge est à 5min!

Le 3ème jour, la loose ne nous quitte plus, il fait beau mais les faces sont plâtrées, il y a 100km/h de vent sur les crêtes, il fait un froid de canard. Bref, B4dodo au refuge. Du grand nimp car je devais redescendre seul le soir même et que pour ça, j'ai dû d'abord me retaper presque 2h de marche pour aller chercher le matos de grimpe entreposé bien haut que l’on pensait prendre au passage! En effet, les 3 lascard(e)s ont en vue pour le 4ème jour une tentative de but au Candeau du Râteau !!! Pour ma part, descente à Saint Christophe puis retour en stop…

Pour résumer ce we dantesque, heureusement que nous étions 4 larsouilles pour rigoler au bivouac, car un tel we rassemblait tous les ingrédients pénibles : des bambées, des gros sacs, des téléphériques, du stop, du temps pourri, du froid, des voies de pas majeures à franchement moyennes…

La chute des Ecureuils

Récit primé par la Nimp’Crew ;-)

Il s’agit là d’un superbe but aux ramifications complexes et variées.

Avant tout, c’est un double.

Tout d’abord, le 29/06/04, on se lance Thibault et moi dans la voie des Ecureuils à la Rousse. J’attaque la première longueur, indiquée « 6b+, 2 pitons » d’après les dernières infos. Dans le topo Coupé, c’est indiqué V/A2… Déjà, les sept premiers mètres sont délicats (au moins du V+) et pas protégeables facilement. Ensuite une grande traversée propose enfin un piton en place. Puis on parvient au crux, il faut prendre pied dans un dièdre vertical, et pour cela franchir un bombé assez lisse. Après divers allers/retours, je finis par traverser encore plus à droite en dalle pour aborder ce bombé de l’autre côté. Je place un petit friend, et j’attaque en artif. Seulement, peu rassuré, je flippe un peu trop et ne parviens pas à placer un bon point pour la suite. Je suis également peu rassuré par mon point actuel ; à un moment, il fait un « schling » mais se re-bloque immédiatement. J’essaye de ne mettre qu’une partie de mon poids en utilisant un étrier. Au bout d’environ 15min, j’entends un nouveau « schling » et le temps que je réalise, je suis dans l’arbre 4m plus bas… Heureusement, pas de mal ; le piton en place tête en bas a tenu ! Je me fais mouliner jusqu’en bas (je suis seulement à 4m du sol !) puis Thibault lance un essai, il parvient à placer un point au-dessus du point où j’étais, mais il ne le sent pas et re-désescalade jusqu’au piton ; c’est le but à 7m du sol !!!

Mais rassurez vous c’est un B1 en quelque sorte, car aussitôt but, aussitôt torchage de la « voie de la Grotte » voisine, notamment très belle dans sa partie supérieure.

Ensuite, le 18/09/05, on décide de remettre ça avec Thibault. Nous accompagnent Iliana et Nico qui feront la voie de la Grotte. Ne parlons même pas de Fabrice, qui se prend un B4 bobobinage, avéré la veille au soir déjà… Sans commentaire…

Donc c’est reparti dans la fameuse première longueur, avec cette fois ci un large choix de petits friends, de la ficelle pour lunule 1mm, quelques pitons, un crochet, bref de quoi se sortir de n’importe quoi.

Déjà dans les premiers mètres que j’étais parvenu à protéger l’année précédente, je fais cette fois ci un bon passage avec retour au sol sans appel de 5 à 7m… De nouveau au pied du crux, je perds 30min à vouloir l’aborder par la gauche, mais rien à faire, ça ne pitonne pas. Je refais la traversée à droite, et je parviens à placer 2 friends pas trop mauvais au début des difficultés. Ensuite ça s’enchaîne : coinceur puis piton moyen puis crochet, un pas semi-libre, et c’est joué, reste quelques mètres de libre, puis le 2ème piton de la longueur, placé à la fin des difficultés... J’ai dû y passer 1h30 au moins!

Thibault passe du temps dans la longueur suivante pourtant courte, ayant eut envie d’explorer une dalle voisine en rocher encore plus pourri que dans la voie !

Je gravis encore une longueur, aucun piton rencontré alors que les dernières infos en indiquaient deux en place…

Puis au relais, pétage de câble de Thibault, « j’en ai marre de risquer ma vie »... C’est vrai que les deux dernières longueurs étaient typiques d’un équipement/rocher Chartreuse ; mais rien d’abominable... Après une discussion quelque peu houleuse, j’accepte de redescendre. Et 5min plus tard, il se met à pleuvoir. La précision est importante car j’en connais que ça n’aurait pas dérangé de faire passer un but débinage pour un but météo !!! Le coup classique quoi... Bref à R3, c’est un B3débinage double d'anthologie.

PS: L’année prochaine on compte bien atteindre R6 au moins ;-).